Forum Pompier : le forum dédié au métier de sapeur-pompier

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Les interventions impliquant des personnes décédées ne me dérangent pas outre mesure, je n'éprouve pas le besoin d'en parler, mais je laisse toujours soin aux personnels intervenants avec moi l'occasion d'en discuter, au retour ou dès la rentrée, suivant les cas.

Je suis toujours resté indifférent face aux détresses d'autrui en général, j'estime que c'est un bien car les émotions prennent trop souvent le dessus sur des interventions à caractère "vital"

Je ne pense pas être un surhomme, c'est ma nature, c'est tout, je ne dis pas que c'est un bien ni un mal, je ne critique pas ceux qui jugent utiles les cellules psy, mais pour ma part, le jour où j'en éprouverai le besoin si ce jour doit venir, je n'hésiterai pas ... en attendant, je continue mon petit bout de chemin, fait de misère, de détresses et de décès, sans pour autant émettre la moindre émotion, ni aux victimes, ni aux proches.

J'estime également que cette carapace permet une auto défense relative aux agressions émotionnelles extérieures qui ne peuvent que nous pourrir la vie, nous rendre triste lorsque nous rejoignons nos foyers ou reprenons nos activités... en rentrant d'une inter ou j'ai fait, par exemple, un gamin de 7 ans sous une VL, je ne pleure pas, je rentre chez moi et je profite encore plus pleinement de mes enfants,conscient qu'un rien peut faire basuler ma vie ... et la leur

En résumé, les décédés faits en intervention me font prendre conscience de l'importance de ma vie et de la nécessité de la vivre pleinement, au jour le jour.

Cela fait 5 ans que je réfléchis de la sorte, jamais de déprime, jamais de coup dur, etc... pourvu que ça dure :mrgreen:

Bonjour à tous. je vois que le sujet a fait débat. Je ne pense pas que ce soit un manque de pudeur de traiter de ce sujet et je comprends tes appréhensions, Bombera. Pour ma part, je pense en effet que chacun réagit à sa façon : certains seront touchés par des inter avec DCD d'autres pas. D'où le rôle important del'encadrement. Je veux dire par là que quand un jeune rentre et qu'il fait une grosse inter, faut lui faire comprendre qu'on ait à l'écoute si il en ressent le besoin ou que des structures, cellules psy, sont également dispo. Il ne faut pas avoir honte de sa réaction, ce n'est pas parce que les collègues semblent bien réagir que tu dois bien réagir. Certains intériorisent et tu ne sauras jamais ce qu'ils ressentent vraiment, cela ne veut pas dire que tu dois en faire autant. Perso, ce que j'ai le plus de mal à gérer, c'est comme Greg, c'est quand la famille est là parce que face à la détresse on n'a pas d'arme.je pense qu'avec le temps, on apprend à connaître les collègues et à savoir vers qui se touner quand on a des doutes, des questions ou des angoisses.La mort fait partie de notre activité, il faut s'attendre à la rencontrer, et je suis ce qu'à dit Dok Tof en ce sens que le fait de l'avoir rencontré déjà quelques fois m'a permis de me rendre compte que la vie est précieuse et qu'il faut en profiter un maximum. Voilà, espérant avoir répondu à ta question....

Salut mim.

Pourrais-tu aérer un peu plus tes messages car ça fait des beau pavés.

Merci smile_coolman

Proton a écrit:

Salut mim.

Pourrais-tu aérer un peu plus tes messages car ça fait des beau pavés.

Merci smile_coolman

Pas de probléme, excuse moi, je le ferai la prochaine fois, je me suis laissée emportée smile_gene

Pour ma part en 4 ans et demi de pompier, je n'ai fait que 2 DCD, une vieille dame qui avait fait un arrêt en mangeant, réanimation sans aucun résultat, disons que pour mon premier mort, la famille de la personne a très bien réagit (même bizaremment), donc du coup c'est passé tranquille.

Pour le deuxième, en fait quand on est arrivé, la personne était tombé de son toit de 6 mètres (face avant), la personne respirait quand on est arrivé, puis a fait un arrêt juste avant que le samu arrive en hélico (à quelques secondes), quand la famille est arrivé, tout le monde pleurait et hurlait, du coup c'était un peu plus dure, mais vu qu'on se soutient entre collègues, la pilule passe.

On y repense 1 voir 1 jours après, puis après on passe à autre chose.

Bonjour,

A mon avis, le décès ou même une intervention quelle qu'elle soit laisse des traces. Elles ne sont pas forcément visibles mais s'accumulent progressivement.

J'ai fait quelques DCD dont certains pas beau du tout (DCD depuis plusieurs jours en période de canicule dans un appart pas aéré par exemple) mais celui qui m'a le plus marqué n'avait rien de "macabre": pas de sang, pas de détérioration visible. Simplement les circonstances (piéton sur autoroute, la nuit, avec absence totale de circulation) ont fait que toute l'équipe a senti un gros malaise et que nous avons été très content de la réunion avec la psy du département, qui est une femme formidable. Pour l'anecdote, le conducteur du VSAB avait déjà fait des DCD par décapitation, etc... et cela ne lui avait rien fait alors que là, ça l'avait autant choqué que nous.

Depuis nous avons pas mal discuté avec la psy, et on découvre qu'il existe tout un tas de pathologies pas toujours avouées. Ainsi on est tout content de lire les messages des petits jeunes qui veulent devenir SPV, mais nous nous posons rarement de questions sur ceux qui arrétent. Parfois les raisons données ne sont pas "crédibles", mais on ne cherche pas plus loin. La psy nous a ainsi parlé de cas de SPV qui, de garde, se cachaient pour ne pas décaler, simplement parce qu'à force de faire des inter, le malaise s'accumulait, tranquillement mais sûrement et qu'au bout d'un moment la marmite explose. Quand le mec a 6 mois de SP, on peut se dire que c'est simplement pas pour lui, mais quand il a 15 ans de services, il y a de quoi se poser des questions.

Ne nous leurrons pas: être réveillé à 2 heures du matin par un bip qui hurle sur la table de nuit, s'habiller 10 fois plus vite qu'en temps normal, foncer au centre, et partir pour se trouver 5 minutes après face à une personne en morceaux, ce n'est franchement pas très "naturel"...

En tout cas, je suis d'accord avec Dok_Tof: cela remet les choses à leur place, et quand mon petit bonhomme de 8 ans me saute au coup, cela permet de juger de l'immense bonheur que l'on a d'être en vie et en bonne santé.

Veillez sur vous, mettez votre ceinture, restez prudent!

Amitiés
Pierre-Louis

pl.lamballais a écrit:

(DCD depuis plusieurs jours en période de canicule dans un appart pas aéré par exemple)

Tiens, j'en ai fait un y'a 2 semaines à peine, homme de 34 ans, appart non aéré, pleine canicule... décédé depuis 13 jours Big_sourire

Il bougeait pourtant :mrgreen:

Nouvelle recrue Sexe: Inscrit le: 28 Mai 2006 Messages: 1

Salut à tous , dans mon cas la première inter que j'ai fait , c'est un avp vl + pl sur nationale 6202 , départ du vsab et vpi le vsab arrive en premier et de la lucarne de la cellule j'appercois un vl encastré dans l'arierre d'un camion en stationnement.

Le ca passe un message flash de l'autre monde , le chef d'équipe saute dans le véhicule comme ecureuil , le conducteur balise autour de l'accident et moi j'apporte le batit O2 mais au vu du vehicule on a fait une grosse prière pour que le vpi arrive vite smile_priere

, poult trés trés filant aucune ventilation .

Je passe pas mal de détail mais c'était une jeune infirmiere libéralle de 26 ans qui était en train de rentrer de ses visites quotidienne en se suivant avec ses collègues , hémorragie interne et le deuxème choc c'est lors du passage de la victime sur le plan dur , elle s'est totalement vidée ( hémoragie interne confirmée par le medecin de la vlm + vli )

Du coup premier masage cardiaque ( pour moi ) dans vsab , injection dadrénaline par le mèdecin mais au bout d'une demie heure de ce traitement de choc le mèdecin à dit on arrete tout ca ne sert plus à rien smile_etonne_transpire

phrase terrible .

Enfin , dans mon cs il y a des mecs et nanas géniaux ce qui m'a permis de beaucoup en parler et d'évacuer tout le stess que j'aurai pu garder en moi . smile_souffle

Posté le: 21 Jan 2007, 12:19

salut tout le monde,

pour moi un pompier qui dit qu'il est indifferent face a la mort...est un menteur.on ressent tous quelque choze face a une personne décédé...personnellement les interventions qui me marque le plus sont celle consernant des enfants...et c'est pour sa que les sdis mettent en place des aides psychologique pour les intervenants...n'ésiter pas a en parler sa fait du bien...ciao tout le monde smile_hello

Posté le: 21 Jan 2007, 14:21

sphaut-rhin a écrit:

salut tout le monde,

pour moi un pompier qui dit qu'il est indifferent face a la mort...est un menteur.on ressent tous quelque choze face a une personne décédé...personnellement les interventions qui me marque le plus sont celle consernant des enfants...et c'est pour sa que les sdis mettent en place des aides psychologique pour les intervenants...n'ésiter pas a en parler sa fait du bien...ciao tout le monde smile_hello

mais tu l'a trouvé ou ce sujet !!!!

je ne savait même plus qu'il existait tellement il est vieux Big_sourire

la dernière réponse à été posté le: 23 Août 2006 à 09:27 sa métonnerais que tu est beaucoup de réponse

merci d'éviter de remonter des sujets trop vieux sauf pour apporter quelques chose de nouveau ( ce n'est pas le cas smile_hello

)

Vétéran Sexe: Inscrit le: 18 Juil 2005 Messages: 3043

je sais pas si je vais apporter quelque chose de nouveau, mais apres un an de pompier, je n'avais pas effectuer de Delta, seulement en etant stass Wink

.

Je me doutais bien que cela arriverait un jour, on s'y prepare tout de meme !
J'avoue, j'appréhendais, d'ailleurs j'en avais discuté avec le chef de centre, au detour d'une conversation .... Wink

au cours des dernieres vacances, je prends une garde de jour, histoire de soulager une collegue qui bosse a la commune ....et aux environs de 10h, depart pour pendaison (1ere fois avec mon nouveau bip, qui m'indique desormais la nature du depart smile_oh

)
Je dois dire qu'a ce moment la, j'savais plus ou j'habitais et on est parti ....sur les lieux, RCP, je ventilais. Tout au long de l'inter, je pensais qu'a une seule chose, le taf a faire et si possible le faire bien . Le smur declare le deces, et l'on rentre ...au retour, j'ai franchement eprouvé le besoin de "causer" avec les gars de l'equipe. Ce qu'ils ont su parfaitement faire ...Et je crois que j'en avais besoin . (cf le topic de mon engagement)
et rebelotte en fin de semaine mon second delta .."gaté" donc pour cette fin d'année 2006.........

quand j'entends des mecs en formation ,ou meme au cs, dire mouaih j'en ai fait tellement que ca ne me fait plus rien j'y crois pas. Je suis totalement d'accord avec pierre-louis sur le poids que cela peut occasionner au fil du temps,(bien que je puisse concevoir que certains soient totalement blindés comme dok) et qu'effectivement ca fait du bien de retrouver les muchachos a la maison...
Le recours au psy c'est a bon escient qu'il faut l'utiliser, pas quand personne n'en ressent le besoin smile_coolman

Posté le: 28 Jan 2007, 21:01

comment ne pas réagir face a un enfant de 3 ans qui ne réagi plus car sa maman est innete sur le sol

Cela me semble plus triste encor que la mort elle mm

Posté le: 28 Jan 2007, 21:04

salut
c'est un sujet assez grave que tu abordes là. Perso sur le moment tu essaie de rester de marbre ne serais-ce que pour les personnes presente (famille ou temoins). De retour au centre c'est autre chose, selon les circonstances on en parle plus ou moins avec humour ce n'est pas qu'on aime ca mais on ne peut pas non plus s'appitoyer sur tous les tristes sorts que l'on croise au cours de notre carriere sinon faut passer a autre chose avant de finir soit meme dans un sale etat... J'ai eu qq inters marquantes comme un delta immolé par le feu ou des personnes delta depuis plusieurs semaines et en effet, j'avais l'impression que les odeurs avaient impregne mes habits ...etc On ne s'y habitue pas avec le temps on apprend seulement a faire avec et a gerer nos reactions a chaud comme a froid. Le tout etant que si on sent le besoin d'en parler c'est de trouver une oreille attentive et amie, si on te dit que t'es une fiotte parceque ca t'a marqué alors c'est que le mec qui te dis ca est le dernier des .....Voilà c'etait mon avis perso mais dis toi que 'es ni le premier ni le dernier a te poser des questions sur ce genre de drame

Posté le: 28 Jan 2007, 21:50

louli a écrit:

comment ne pas réagir face a un enfant de 3 ans qui ne réagi plus car sa maman est innete sur le sol

Cela me semble plus triste encor que la mort elle mm

il n'y a aucune recette miracle

il est faux de penser qu'un gosse ne comprends pas ce qui se passe, de là tu peux lui parler "normalement"

ce n'est pas une faute que de le prendre dans les bras en douceur par exemple, s'il se laisse faire

ce qui est sûr c'est que la situation que tu décris est de nature à laisser des traces chez tous les intervenants.

en parler au retour en caserne est une première étape. se revoir quelques jours après pour évaluer notre ressenti à distance ne doit pas non plus être une option. au besoin tu peux avoir recours à un professionnel de santé

je l'ai fait moi même il y a 1 an1/2. on a tous des limites, c'est la nature humaine qui veut ça

maintenant si ça en intéresse quelques uns je peux retrouver un article qu'un psy a écrit sur l'usure professionnelle des acteurs de l'urgence, SP comme ambulanciers. il parle du burn out et permet de comprendre pourquoi on craque même avec 15 ans de bottes

Posté le: 30 Jan 2007, 08:24

salut

l'article en question ici

http://www.forum-pompier.com/sujet9288.html