amand02
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03 Avr 2007, 14:36 |
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"Premiers pas d'une caserne de pompiers
Un centre de secours créé de toutes pièces, c'est rare. Sept pompiers montaient la première garde complète du Perray, hier près de Saint-Brieuc.
Lundi 2 avril, 7 h : premier jour, première heure. Casque au pied, en tenue de feu, sept pompiers prennent leur garde dans la fraîcheur matinale. Les sapeurs Guillaume Arnould, Arnaud Le Foll, Julien Le Men, David Marlière, Marine Hamon, Éric Josse et le sergent-chef Loïc Rouxel forment la première garde complète d'une caserne qui vient de voir le jour au Perray, à la porte de Saint-Brieuc.Elle est née pour diminuer le temps d'intervention des pompiers de Saint-Brieuc à l'est de la ville. Il y a un an, à cet endroit, au bord de la nationale 12, c'étaient des champs. Désormais y travaillent des hommes et des femmes qui sauveront des vies, la prise de garde de ce lundi est donc symbolique.
Ce matin, les pompiers du Perray lancent un rituel qu'ils reprendront jour après jour. 9 heures : vérification du matériel. Puis première séance de sport d'une équipe qui ne se connaissait pas et dont en ressent déjà la cohésion. « David et Marine, vous avez votre permis ambulance, OK. Pour vous entraîner au stade, vous partez avec les deux ambulances et le véhicule de secours, au cas où », ordonne le major. À 45 ans, après vingt ans de terrain, Philippe Eouzan est l'adjoint du patron. Un challenge qui le réjouit : « Il y a tout à faire. Nouvelle caserne, nouvel effectif : 70 volontaires, 14 professionnels. Il y a un chef mais ici tout le monde est complémentaire, c'est la valeur individuelle qui compte. C'est leur caserne et c'est à eux de la faire vivre. »
Un esprit qui frémit déjà dans ce lieu à peine né. 10 heures : premières manoeuvres. Loïc Rouxel commande la garde. Il désigne la manoeuvre - un départ de feu - en une série de sigles incompréhensibles pour qui n'est pas pompier. Chacun prend son poste, comme en vrai. Les lances sont déroulées, branchées. Les gestes examinés par le chef et les collègues. Après, on en parle, pour mieux faire la prochaine fois. On compare les expériences, avant d'attaquer une simulation d'accident. Enlever le casque d'un blessé, ça n'a l'air de rien, pourtant...Car la vie de pompier n'est pas spectaculaire du matin au soir. Elle l'est à l'heure du feu, ou de l'intervention sur un drame de la route. Pour réussir ces missions, les pompiers doivent avoir fait l'apprentissage du geste précis et vécu l'entraînement quotidien qui leur permettra de tenir douze heures durant, sur des sorties difficiles.
15 heures, ça bouge : une voiture en feu dans le bourg d'Yffiniac, tout près. Les bips sonnent, la garde court au vestiaire et prend son ordre de mission envoyé par le centre 18. En quelques minutes, les hautes flammes sont éteintes. On pense déjà à la sortie suivante : tout en arrosant la voiture en feu, les pompiers ont rempli la citerne à la prise d'eau voisine.
Plus tôt, à table, des choses plus graves étaient revenues en mémoire. Les trois morts que l'un d'eux a rencontrés dans une garde de 24 heures, les fillettes mortellement brûlées que tel autre n'avait pu sauver, la famille que la sollicitude d'un pompier ne suffit pas à consoler. Situations lourdes, nuits sans sommeil parfois. « Le plus souvent, chacun trouve des solutions pour évacuer, observe Loïc Rouxel. La dérision, on parle d'autre chose. Pourquoi en rajouter ? Tu fais comme tu peux, moi c'est le sport. Et puis j'oublie beaucoup. Inconsciemment, je dois me défendre comme ça. »Il y a le meilleur aussi, quand le patient que l'hôpital avait imaginé dans un fauteuil pour le reste de ses jours après une mauvaise chute, est venu en marchant, six mois plus tard, remercier le pompier qui avait eu le bon geste. Le pompier c'était Guillaume.
Marie-Claudine CHAUPITRE.
Ouest-France"
Source OUEST-FRANCE Edition Bretagne
Edition du 03 avril 2007 |
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