olivier1973
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15 Oct 2007, 15:41 |
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Article publié par La Provence le Publié le vendredi 12 octobre 2007
L'État ingrat avec un pompier brûlé au Rove
Le fonds de garantie des victimes ne veut pas dédommager Frédéric Maggiani, originaire de Marignane.
Chirac l'a fait chevalier de la Légion d'honneur. Villepin l'a décoré. Ce même État qui avait salué le courage de Frédéric Maggiani, un pompier de Marignane, atrocement brûlé en 2004, lui refuse aujourd'hui le plus petit centime. Le Fonds de garantie des victimes des actes de terrorisme et d'autres infractions a demandé, mardi, à la Commission d'indemnisation des victimes d'actes de délinquance (Civip) de Marseille de refuser le dédommagement réclamé par ce pompier et sa famille.
"Indécent!", s'emportent ses avocats, Jean-Louis Tixier et Jacques Préziosi, à l'heure où leur client est à nouveau hospitalisé pour subir sa 37e intervention chirurgicale. L'histoire de Frédéric Maggiani avait fait la une des journaux. Le 24juillet 2004, ce lieutenant des pompiers avait pris part au combat contre le feu qui, ce jour-là, ravageait Le Rove. De retour vers sa caserne, il avait été appelé à "noyer" une zone presque éteinte, lorsqu'une reprise de feu, au fond d'un vallon, l'avait piégé. "Le feu me coupe la route, j'avance et le traverse mais la douleur est telle que je m'effondre. En tombant au sol, écrit-il dans un récit de son accident, je me dis "je vais mourir. Je pense à mes enfants et décide de me relever et de finir ma traversée". Un collègue l'aide à se hisser dans un véhicule qui dispose d'un système d'autoprotection. La douleur est si vive que le pompier supplie qu'on l'endorme, à son arrivée à la clinique de Marignane.
Les yeux cousus 7 mois
Au centre des grands brûlés puis dans un lieu de rééducation, Frédéric va garder les paupières cousues pendant sept mois. Lorsqu'il les ouvre, il découvre son visage transformé en plaie, au point que l'un de ses deux garçons refusera longtemps de s'approcher de lui, de le regarder. "Mon nez, mes oreilles ont fondu, ma bouche a rétréci… " Avec un psychologue, l'épouse de Frédéric avait préparé les enfants au choc avec des photos puis des vidéos. C'est dans sa chambre stérile qu'un jury lui fera subir l'oral du concours de capitaine des pompiers.
Les opérations qui se succèdent pour reconstruire le visage et les mains amputées de leurs doigts vont apporter leur lot de douleurs supplémentaires. Les échecs qui nécessitent un passage dans un caisson hyperbare ajouteront à la souffrance psychologique. Frédéric Maggiani assure avoir tenu le coup grâce à son épouse. Un amour qui compense le regard impudique des gens, le fait que son visage ne permet pas à ce père d'aller chercher ses enfants à l'école. C'est pour cet Himalaya de douleurs que ses avocats demandent une indemnisation. Ils ont saisi la Civip car le feu qui a causé ses blessures avait une origine criminelle.
Les conclusions de l'expert ne souffrent pas le moindre doute. Elles ont mis en évidence des traces "d'hydrocarbures lourds de type gas-oil et pétrole en quantités significatives". Le juge d'instruction signe son ordonnance de non-lieu contre X en parlant d'un "incendie vraisemblablement d'origine criminelle". Une prudence de plume dont s'est emparé le Fonds de garantie pour dire que, sans la certitude d'une infraction pénale, Frédéric Maggiani ne peut pas prétendre à une indemnisation par la Civip. Il s'agirait d'un accident du travail, voire d'un accident en service commandé. Ce qui priverait Frédéric Maggiani d'un dédommagement pour les douleurs endurées, son préjudice esthétique, moral, professionnel… La Civip rendra sa décision le 6 novembre.
Par Luc Leroux ( lleroux@laprovence-presse.fr ) |
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