olivier1973
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31 Mar 2008, 17:14 |
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Article paru sur Cyberpresse le 30 mars 2008
Une vie sauvée grâce à un défibrillateur cardiaque
Sylvain Côté, Christian Breton, Nadia Dion et un pompier de Lévis ont sauvé la vie d’un homme âgé dans la jeune trentaine grâce à l’appreil qu’ils tiennent entre leurs mains.
Il y a de ces belles histoires que l’on aime raconter... Mardi, Christian Breton, Nadia Dion, Sylvain Côté et un pompier de Lévis ont sauvé, grâce à un défibrillateur cardiaque, la vie d’un homme âgé dans la jeune trentaine qui venait d’avoir un arrêt cardiaque.
Il était 10h30 quand la victime, un homme en parfaite santé, s’est effondrée sur un court de badminton au centre d’entraînement Énergie Cardio de Pintendre. Un membre a alors informé le personnel, qui est intervenu promptement auprès de la personne.
«Quand on est arrivé à ses côtés, il n’avait plus de fréquences cardiaques et aucun pouls», raconte Sylvain Côté, entraîneur chez Énergie Cardio.
Nadia Dion a alors entrepris un massage cardiaque, pour ensuite donner toute la place au défibrillateur. Les intervenants ont alors mis l’appareil en fonction et collé les électrodes du défibrillateur sur le torse de la victime.
«Le défibrillateur nous a guidés, explique M. Côté. L’appareil nous parlait et il a analysé l’état du monsieur, pour ensuite nous dire qu’on devait lui donner une décharge. Nous avons alors arrêté les massages pour lui donner un choc.»
Durant toute cette descente d’adrénaline, un pompier de Lévis qui s’entraînait sur place est venu porter main-forte au trio qui se démenait autour de la victime.
«Le pompier était très calme et il a pris le relais, ajoute Sylvain. Huit ou neuf minutes plus tard, les ambulanciers sont arrivés et ils ont continué les manœuvres. À l’arrivée des ambulanciers, le monsieur avait déjà repris une fréquence cardiaque et un pouls.»
Après le départ de la victime, les premiers répondants ont eu besoin de quelques instants pour se remettre de leurs émotions. «Sur le coup, on était sous le choc durant un petit bout, mais après, je me disais : “Wow!”»
«Moi, j’ai tellement hâte de revoir ce gars-là debout, quand il va être en mesure de reprendre ses activités normales, enchaîne le directeur de l’endroit, M. Breton. J’ai l’impression qu’à ce moment-là, je vais pleinement comprendre ce qui s’est passé.»
M. Breton, le directeur du centre, a eu des discussions avec la conjointe et le médecin de la victime depuis mardi. La dame lui a confirmé que son conjoint était en bonne condition et qu’il a d’excellentes chances de se remettre de cette terrible épreuve.
De son côté, le médecin a été catégorique. Sans le défibrillateur, l’histoire aurait eu une tout autre conclusion.
«Son médecin m’a appelé pour me dire que c’est vraiment le défibrillateur qui l’a réanimé, explique-t-il. Il aurait peut-être survécu sans l’appareil, mais il aurait eu des séquelles importantes pour le restant de ses jours. S’il n’avait pas eu d’oxygène au cerveau durant 10-15 minutes, les conséquences auraient pu être très graves.»
Avec ce constat sans équivoque, le trio ne comprend pas pourquoi les policiers qui sont arrivés sur la scène avant les ambulanciers n’étaient pas équipés d’un défibrillateur.
«Les policiers nous ont dit qu’ils étaient formés pour l’utiliser, mais qu’ils n’en avaient pas dans leur véhicule. C’est incroyable!», s’insurge M. Breton.
En fait, ils ne comprennent pas pourquoi l’installation de défibrillateurs dans les lieux publics, tels les arénas, les centres communautaires, les hôtels de ville et les édifices gouvernementaux, n’est pas développée au Québec comme c’est le cas en Ontario et à Ottawa (voir le texte de la page ci-contre).
«Tous les Énergie Cardio doivent avoir un défibrillateur dans leurs installations et tout le personnel doit être formé pour le RCR et l’utilisation du défibrillateur, ajoute M. Breton. Et vendredi passé, une autre personne a été sauvée dans un Énergie Cardio de Châteauguay à l’aide d’un défibrillateur.
«Alors, je ne comprends pas qu’une entreprise privée paie 3000 $ pour un tel équipement, mais que dans le foyer pour personnes âgées de mon père, où il vit avec 40 autres personnes à risque, il n’y ait pas ce type d’équipements. Vous pouvez être certain que la conjointe du monsieur qu’on a pu sauver cette semaine à l’aide de cet appareil, elle l’aurait payé le 3000 $ de sa poche pour ce défibrillateur. En tout cas, j’espère que cette histoire aura un impact sur les décideurs et les politiciens sur l’importance du défibrillateur.»
«Un très bel exemple»
Le Québec et les municipalités doivent entreprendre les démarches visant à doter les édifices publics, les pompiers et les policiers de défibrillateurs, juge le directeur du développement régional à la Fondation des maladies du cœur du Québec, Jocelyn Themens.
«Nous devrons aborder les paliers de gouvernement, notamment le provincial, sur cet enjeu, c’est certain, indique M. Themens. Cette belle histoire de sauvetage sur la Rive-Sud est un très bel exemple de la grande utilité de ces appareils devenus vitaux.»
M. Themens avance que certaines organisations privées ont déjà commencé à s’équiper en défibrillateurs à Québec. Il pense notamment au Campus Notre-Dame-de-Foy, qui en a trois dans ses édifices de Saint-Augustin-de-Desmaures.
«Il faut aussi sensibiliser les gens sur l’importance du RCR, ajoute-t-il. Seulement 5 % de la population au Québec est en mesure de mettre en œuvre les méthodes de réanimation sur une personne qui vient d’avoir une crise cardiaque.»
Un relationniste de la police de Lévis, François Bisson, espère aussi être en mesure de convaincre les décideurs de débloquer les fonds pour cet équipement.
«Pour le moment, nos policiers ont eu la formation et savent comment l’utiliser, et maintenant, je crois qu’il est grand temps de passer à l’étape suivante en procédant à l’achat.»
Même son de cloche du côté du critique de l’ADQ en matière de santé, Éric Caire.
«Les défibrillateurs, ce n’est pas du luxe. Les villes doivent en avoir pour les édifices publics, les pompiers et les policiers. Le gouvernement provincial doit les aider financièrement pour ces acquisitions.
Partout à Ottawa, trop rare à Québec
À Ottawa, on peut retrouver plus de 500 défibrillateurs dans les arénas, les centres communautaires, les bibliothèques, les véhicules et stations de policiers et de pompiers.
Pas surprenant que depuis l’implantation du programme municipal des défibrillateurs, en 2002, pas moins de 29 personnes atteintes d’un malaise cardiaque aient pu être secourues par un de ces appareils.
De ce nombre, 14 citoyens ont pu être sauvés alors qu’ils étaient dans un édifice public de la ville d’Ottawa.
«Sur 22 personnes terrassées par un malaise cardiaque dans un lieu public, 14 ont été sauvées, souligne Joe Micucci, le responsable du programme des défibrillateurs à la Ville d’Ottawa. Ces statistiques sont très encourageantes!»
M. Micucci rappelle que la Ville a dépensé quelque 1,7 million $ pour se doter de 300 défibrillateurs au début du programme et pour former tous les gens pour qu’ils soient en mesure de les utiliser.
«Ces appareils coûtent maintenant environ 2000 $ chacun, il y a donc moyen de commencer à mettre sur pied un bon programme avec la somme de 500 000 $», évalue M. Micucci.
Dans ce contexte, il ne comprend pas pourquoi les villes québécoises, comme Gatineau, Québec et Lévis, n’ont pas déjà entrepris un large virage défibrillateur. La province de l’Ontario, de nombreuses villes et petites localités ont aussi commencé à doter leurs édifices publics et les services d’urgence de cet équipement.
«Juste de l’autre côté de la rivière, à Gatineau, une personne qui est atteinte d’un malaise cardiaque n’aura pas les mêmes chances que si elle était victime de ce même malaise à Ottawa, déplore-t-il. Il ne faut pas oublier qu’avec ce type d’attaque, la vitesse d’intervention est primordiale.»
Pendant ce temps, à Québec, aucun véhicule de pompiers ou de police n’est doté de cet équipement vital, tout comme aucun aréna ou lieu public administré par la Ville, avoue le porte-parole de la Ville de Québec, Jacques Perron.
«L’installation de défibrillateurs dans les lieux publics représente un problème logistique, indique M. Perron. Il faut former du personnel pour utiliser cet appareil et il faut s’assurer qu’il y a toujours des gens sur le plancher qui sont en mesure d’utiliser les défibrillateurs. Pour le moment, il n’y a pas de plan à court terme visant à doter la ville de ce type d’équipements.»
À Lévis, le système de premiers répondants a été mis en place. Deux véhicules de pompiers sont dotés de défibrillateurs et leur mandat est d’arriver le plus rapidement possible sur la scène, pour que le pompier tente de réanimer le patient en attendant les ambulanciers. Tous les policiers de Lévis ont aussi suivi la formation avec le défibrillateur, mais ils n’en ont aucun dans leur véhicule.
«Avec ce système de premiers répondants, nous sommes en mesure d’arriver sur une scène dans un délai variant de trois à neuf minutes, indique André Roy, porte-parole de la Ville de Lévis. Pour le moment, la Ville n’a pas l’intention d’aller plus loin avec l’achat de défibrillateurs pour ses édifices et services d’urgence.» |
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