Francis RAOUT
Nouvelle recrue
Sexe:
Inscrit le: 22 Fév 2008
Messages: 52
Localisation: Nord de la France
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Posté le:
27 Avr 2008, 12:05 |
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CONVERSATIONS A BATONS ROMPUS
Vous connaissez le Musée des Soldats du Feu,
Lieu ou nos souvenirs coulent des jours heureux.
Je savais qu’il s’y passait des choses bizarres,
Je décidais donc de compter sur le hasard.
Sans rien dire à Gaston, une nuit sans lune,
J’y planquais un mouchard réglé plein volume.
Quelques jours après en écoutant la bande,
J’y découvris une étrange sarabande.
Oui ! Tous ces vénérables témoins du passé
Tenaient conversation et livraient leurs pensées.
A minuit, une modulation éraillée,
Provenant de la sirène à main émaillée,
Mit ce petit monde inerte en mouvement,
Et le Musée devint C.S. en un moment.
Les grands flambeaux en cuivre s’auto allumaient,
Dévoilant le va et vient de la pompe à mains,
Même la « Vieille à vapeur » lançait sa fumée,
Prête à décaler en un tournemain.
Mais Gaston avait fermé à clef son Musée,
Alors, mes amis, contentons nous de jaser.
C’est le fourgon « LAFFLY » qui parla en premier,
Evoquant ses glorieux souvenirs de guerre.
Ces grands blessés, déposés par les infirmiers,
Sur ses banquettes en bois qui équipaient naguère.
Cette bombe à retardement qui explosa,
Projetant tous ces éclats qui le blessa.
Le Tonne « BERLIET » rétorqua en s’agitant :
« Laisse tomber ces vieux ragots d’Ancien Combattant,
« Grâce à toute cette eau que je pouvais transporter
« Combien de feux géants ai-je fait avorter ?
« Et puis, moi aussi, je fus gravement blessé,
« C’est sur mon dos que le pignon s’est fracassé. »
Un D.4.B., V.S.A.B. « PEUGEOT », nez plat,
Voulut, lui aussi, mettre les pieds dans le plat :
« Amis ! Figurez vous que j’étais un pionnier.
« Sur les Secours Routiers, je fus l’un des premiers.
« Je dépassais les limites de ma commune,
« Plusieurs fois, dans les journaux, j’eus droit à la « Une ».
« Ils m’ont mise au rancard et je suis encore belle ».
Ainsi s’exprimait, dans son box, une grande échelle.
« Soit disant, je ne suis plus aux normes,
« Et, pourtant, je suis encore en pleine forme.
« Si j’ai pris quelques coups de feu intempestifs,
« Oui ! J’ai sauvé devant témoins admiratifs.
Cesse, « la Girafe », de nous toiser de haut,
« Sans nous, « les Motos », tu n’aurais jamais eu d’eau. »
Répliquait « la Tortue », celle qui bombait le dos,
Toujours dans l’ombre mais intraitable au boulot.
« D’ailleurs, je suis aussi une « Gueule Cassée »,
« Souviens- toi du jour où l’attache a valsé!....»
Un seau pompe parlait avec un extincteur,
De leurs exploits passés de braves serviteurs.
Chacun tentant de prouver, à sa manière,
Des prompts secours, son importance première.
Un vieux seau en toile, tout recroquevillé,
Leur dit : « S’il vous plaît,... laissez-moi roupiller... »
Soudain, le gros tambour battit « La Générale ».
Le silence, de nouveau, devint sidéral.
Gaston, dès potron-minet, venait au local.
J’ouvre grands les yeux, je viens de faire un rêve,
Tout bourdonne en moi, dans le jour qui se lève.
" Objets inanimés, avez vous donc une âme, ****
Qui s’attache à notre âme, et la force d'aimer ?"
*** A. De Lamartine
Francis RAOUT Mai 2.001 |
_________________ F.R. |
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