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Carabinix
Référent SAP
Sexe:
Inscrit le: 11 Fév 2007
Messages: 2358
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Posté le:
21 Oct 2008, 20:50 |
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Bonsoir à tous!
J'ai la chance d'être actuellement en stage en service de psychiatrie (là où va être hospitalisé ce cher Kermit...) et surtout d'avoir un chef, qui connaissant mon attrait pour les urgences, m'a collé un magnifique topo à réaliser sur l'évaluation et la prise en charge du risque suicidaire en pré hospitalier.
Ci-joint ma production initiale:
http://www.forum-pompier.com/fichier-1231.html
Elle n'a pas de valeur de GNR évidement, car le sujet est plutôt faible dans la littérature.
Néanmoins, je m'appuie sur la conférence de consensus datant de 2000 publié par l'HAS sur l'évaluation du risque suicidaire, les comités de spécialistes en psychiatrie, ainsi que d'autres références.
Mais sincèrement, je ne suis que rarement sortis pour ce type de motif et il me manque du concret, du vrai, de l'action, bref, vos expériences en intervention pour ce type de cas.
Quels sont vos trucs face à un suicidant?
Quels sont vos priorités?
Comment gérez vous ces interventions qui à priori sont difficiles pour tout le monde?
Quel est le mode opératoire?
Et que pensez vous de mon topo? (Je suis ouvert à toute suggestion!)
Merci d'avance.
PS: j'y colle un sondage pour me faire une vague idée du nombre de personne ayant vécu ce type d'intervention. |
_________________ Carabinix
Dernière édition par Carabinix le 21 Oct 2008, 21:53; édité 1 fois |
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ramyres
Fidèle
Sexe:
Inscrit le: 02 Sep 2006
Messages: 278
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Posté le:
21 Oct 2008, 20:57 |
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Dernière édition par ramyres le 08 Aoû 2011, 17:57; édité 1 fois |
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Arès
Invité
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:00 |
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Bonsoir,
en 8 mois d'activité, j'ai du faire quasiment 1 TS par mois...
Les trucs face à un suicidant ? parler. ne pas le brusquer, engager un dialogue, ne pas le contredire, ne pas ignorer sa peine et sa souffrance.
Les priorités ? gagner sa confiance !
La gestion de l'inter ? qu'entend tu par la ?
Ton topo, je lis ça des ce soir
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SPV25
Passionné
Sexe:
Inscrit le: 03 Juin 2006
Messages: 354
Localisation: Doubs
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:03 |
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Salut
Je pense qu'il manque 1 choix dans ton sondage: j'ai déjà décalé sur plusieurs TS, certaines ont "abouties", d'autres non... je vote quoi??
Mes retours d'expériences ne te seront pas très utiles, sur toutes les TS où je suis intervenu le mal était fait avant notre arrivée (TS Médicamenteuses, à l'arme blanche, à l'arme à feu) donc pas de prise en charge "psychologique" particulière.
a+ |
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Minipinpon
Vétéran
Sexe:
Inscrit le: 18 Avr 2007
Messages: 6856
Localisation: 78
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:06 |
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j'aurais bien aimé participer à ce débat ........
mais pour diverses raisons, je ne pourrais le faire dans l'immédiat. |
_________________ Crêpe 1, chouchen 2 + gnole et toujours debout
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Arès
Invité
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:07 |
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Minipinpon a écrit: | j'aurais bien aimé participer à ce débat ........
mais pour diverses raisons, je ne pourrais le faire dans l'immédiat. |
hey papy, ça fait 10 bonne minutes que tu m'a largué pour aller rejoindre morphé |
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brembored
Référent ENGINS
Sexe:
Inscrit le: 07 Juin 2005
Messages: 12099
Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:23 |
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Hello
Comment répondre au sondage quand on a vécu plusieurs fois les 2 options Oui?
Concernant la partie SP, vu de ma fenêtre, quand on se présente sur l'inter, je dirais (je ne m'étends pas sur les TS en cours de réussite, c'est du secourisme pur, RCP et demande SMUR...) :
- Savoir qui est l'appelant : c'est le "suicidant" qui a appelé (auquel cas c'est à 90% du bluff, sinon il fait sa TS, il n'appelle pas...) ou sa compagne, son gosse, etc, qui l'ont surpris en train de faire le noeud dans le garage ou charger le fusil
- Voir s'il veut en finir seul avec la vie ou en faire profiter tout le monde : TS au gaz dans un immeuble, accueil des SP avec arme blanche ou à feu, etc. Auquel cas il faut penser à la protection de son équipage et des civils autour.
- A-t-il commis l'irréparable avant sa TS : importance de la reco. Il est arrivé de retrouver un suicidé qui avait avant poignardé sa femme, celle-ci agonisant ailleurs dans la maison... Ou laisser son bébé dans son couffin dans la chambre à côté...
Prévoir la demande de Police...
- La TS a-t-elle eu lieu (prise de médoc, pendaison ratée, etc) ou a-t-il simplement menacé?
- La TS ou l'IS parait-elle sérieuse? On ne prend pas pareillement en charge la pucelle de 14 ans qui s'est fait lourdée pour la première fois de sa vie et qui hurle qu'elle va se tuer avec 3 dolipranes dans la main (là c'est baffe et recouche-toi ) et le gars qui te dit qu'il est chômage depuis hier et que sa femme est partie ce soir...
- La TS cache-t-elle une revendication et sert de prétexte, ou a-t-on le sentiment qu'il peut mettre fin à ses jours réellement?
- Si le cas parait sérieux (au sens psy et risque de passage à l'acte), il y a parfois possibilité suivant les endroits d'avoir un inf psy (j'avais ça à Cherbourg, si le SMUR ne disparait pas, bien sûr... cf. section articles)
Avec ça, l'agrès peut avoir en quelques instants une idée de la situation.
Pour le reste, c'est assez compliqué, je dirais "au feeling", "à l'expérience", avec toutes les erreurs d'appréciation que ça peut engendrer, mais pour un "simple" secouriste, ce sont des cas finalement pas simples à gérer : fera, fera pas, quel bilan passer au SAMU, etc.
Alex
PS : si le suicide a eu lieu, et le DC manifeste, pensez à la préservation de preuves, est-ce vraiment un suicide ou pas???
Donc ne pas faire gambader partout son équipage, sauf si RCP nécessaire.
Et conserver le noeud de pendu pour la Gie... |
_________________ Sauvons les CPI http://opti-secours.over-blog.fr/
Dernière édition par brembored le 21 Oct 2008, 21:24; édité 1 fois |
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sapeurlipopette
Invité
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:24 |
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j'ai fait mon travail de fin d'etude sur ça .... la prevention et la prise en charge des suicide chez les ado ... |
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brembored
Référent ENGINS
Sexe:
Inscrit le: 07 Juin 2005
Messages: 12099
Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:34 |
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Et pour nous simples pompierz, peut-on aussi nous expliquer comment ça se passe, la PEC du risque suicidaire une fois qu'on a déposé la personne au SAU? |
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Carabinix
Référent SAP
Sexe:
Inscrit le: 11 Fév 2007
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:42 |
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Certes, il me manque l'élément de réponse: "les 2"
Si d'ailleurs un modo sait le faire, moi, j'arrive pas.
Par contre une précision:
Une tentative de suicide est la mise en oeuvre d'un processus morbide ayant pour but de mettre fin à sa vie. (On parle d'un suicidant)
Un suicide signifie la mort de la victime. (On parle d'un suicidé)
Le fait de parler de suicide accompli ou réussi est un abus de langage, un pléonasme (genre un employé de la SNCF en grève...) |
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Shrulk
Modérateur
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Inscrit le: 25 Fév 2006
Messages: 8327
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:47 |
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Salut,
Je trouve difficile de parler de TS car le mec qui prend 3 cachetons c'ets une TS?
Carabinix a écrit: | Certes, il me manque l'élément de réponse: "les 2"
Si d'ailleurs un modo sait le faire, moi, j'arrive pas. |
C'est fait.
Carabinix a écrit: | Le fait de parler de suicide accompli ou réussi est un abus de langage, un pléonasme ([b]genre un employé de la SNCF en grève...[/b]) |
J'adore.
Bye. |
_________________ Le site web consacré aux sapeurs-pompiers de Saint-Symphorien sur Coise |
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Carabinix
Référent SAP
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Inscrit le: 11 Fév 2007
Messages: 2358
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Posté le:
21 Oct 2008, 21:49 |
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brembored a écrit: | Et pour nous simples pompierz, peut-on aussi nous expliquer comment ça se passe, la PEC du risque suicidaire une fois qu'on a déposé la personne au SAU? |
On la laisse dans un coin jusqu'à ce qu'un psy veuille bien la voir....
Non plus sérieusement:
Si trouble vital, passage en réanimation médicale.
Sinon SAU +/- UHTCD.
PEC: surveillance, examen clinique, traitement médicamenteux, bilan, dialogue (si on a le temps), puis visite du psychiatre pour évaluation du risque suicidaire. Si besoin, hospitalisation en HL ou HDT, sinon sortie avec suivi en consultation de secteur +/- traitement médicamenteux. |
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mim
Passionné accro
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Localisation: 69
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Posté le:
22 Oct 2008, 10:18 |
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Alors, comme beaucoup, j'ai vécu les deux car certains ne se loupent malheureusement pas et ne lancent pas qu'un appel aux secours.
Pour les autres, justement, je trouve que l'on se sent assez désemparés face à une TS. Difficile de trouver les mots, d'avoir la bonne approche. Je me rappelle d'une jeune fille pour laquelle on est parti déjà plusieurs fois : combinaison alcool médoc. Au début, on est calme, on lui parle, on cherche à comprendre ou lui faire un peu évacuer. Puis au bout de 20 mn, on tente de l'embarquer pour hospitalisation, et là, c'est la galère : des hurlements, des coups qui partent,.....
Que faire ????
Je déteste personnellement ce genre d'inter car même si à la fin, "la victime est sauvée", ce n'est qu'un "emplâtre sur une jambe de bois ".
Souvent, une ou deux personnes de l'équipage reste avec la "victime" pour essayer de discuter, éviter que trop de personnes tournent autour.
Ce qu'il y a de difficile à gérer, au delà de la victime, c'est quand la famille est présente. Qu'est ce qu'il faut lui dire ? Mettre des mots sur l'acte ???? Discuter avec eux pour en savoir plus ?
Pleins de question à ce jour sans réponse. Alors on fait avec ce qu'on a , c'est à dire peu de choses, un peu d'expérience, un peu de sa sensibilité,.... |
_________________ La culture c'est comme la confiture : moins on en a, plus on l'étale |
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brembored
Référent ENGINS
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Localisation: Rhône-Alpes
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Posté le:
22 Oct 2008, 11:21 |
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C'est clair, +1
La prise en charge (SP, hosto, suivi, etc) semble en général "réussie", mais on a tout de même des gens qui restent dans un état dépressif, voire qui récidivent.
On a des habitués de la TS...
Qui ont toujours l'idée sympa d'appeler pour dire qu'ils se sentent mal à 2h du mat'
Je ris jaune, car la souffrance est quand même là...
Au moins on sait à force que c'est un appel au secours, le passage à l'acte est simulé parfois, mais rien de méchant.
Mais quel suivi pour ces multi-récidivistes de l'appel au secours?
On a aussi ceux qui sont sauvés de justesse 1 ou 2 fois, mais on sait qu'une prochaine sera la bonne, et ils y arrivent assez rapidement hélas.
Comme le dit mim, l'évac se fait souvent dans la douleur.
C'est un paradoxe que je saisis mal :
Ils veulent appeler à l'aide, montrer qu'ils existent, demander du soutien.
Soit.
On y va donc, on essaye d'être gentil car on devine la souffrance, et au moment de parler d'hosto, c'est le drame, voire l'apparition de violence à notre égard.
Faut savoir ce qu'ils veulent, aide ou pas aide alors?
Dur à suivre, y'a-t-il une raison "connue" à ça?
Alex |
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Carabinix
Référent SAP
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Inscrit le: 11 Fév 2007
Messages: 2358
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Posté le:
22 Oct 2008, 14:36 |
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Citation: | Je déteste personnellement ce genre d'inter car même si à la fin, "la victime est sauvée", ce n'est qu'un "emplâtre sur une jambe de bois ". |
Théoriquement non. Un suivi psychiatrique est normalement effectué après justement une évaluation du risque de récidive.
Malheureusement, ce n'est pas appliqué partout. Et puis certaine victime "échappe" à ce suivi. (refus de soin, volonté réelle de suicide, etc...)
Citation: | Qu'est ce qu'il faut lui dire ? Mettre des mots sur l'acte ???? Discuter avec eux pour en savoir plus ? |
Interroger la famille est une très bonne chose. Cela permet de situer le début des troubles, un changement de comportement, des signes d'alerte, d'évaluer un soutien familiale, etc...
Mettre un mot sur l'acte? Oui, il s'agit d'une tentative de suicide.
Il vaut mieux être direct et franc, ce sera toujours mieux reçu par le suicidant et la famille que des propos non appropriés et déroutés. Ce n'est pas un acte à minimiser sans pour autant vouloir faire culpabiliser les proches.
Citation: | On y va donc, on essaye d'être gentil car on devine la souffrance, et au moment de parler d'hosto, c'est le drame, voire l'apparition de violence à notre égard.
Faut savoir ce qu'ils veulent, aide ou pas aide alors?
Dur à suivre, y'a-t-il une raison "connue" à ça? |
Dans le cadre d'un appel à l'aide, il y a souvent une volonté de parler, une recherche d'écoute (et à priori ce n'est pas pour la victime l'hôpital qui va donner cela).
Tant que l'équipe de secours amène ce réconfort, tout se passe bien. Mais le fait de parler d'hospitalisation, sous-entend pour la victime "on s'enfout de cette histoire, on va filer le bébé malformé à quelqu'un d'autre au plus vite"... Et bizarrement, c'est à se moment là que l'agressivité augmente... |
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