Forny
Passionné accro
Sexe:
Inscrit le: 04 Mar 2005
Messages: 1511
Localisation: sud-ouest Bordeaux (33)
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Posté le:
12 Fév 2012, 22:27 |
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Tiré de mon site: http://forny-passion-pompier.e-monsite.com/
Bonne lecture.....c'était il y a bientôt 20 ans.......
Citation: | Ayé, l'école est finie, nous sommes en juin 1992, je viens de finir ma deuxième seconde "Sciences et Techniques des Laboratoires" option Chimie. Ah la chimie, ça me plait bien, au point d'avoir refait cette seconde parce que l'option biochimie me plaisait pas. Je passe en 1ére, comme l'année dernière, mais cette fois-ci, je ne remettrai pas les pieds au bahut. Les profs trouvent que j'ai raison en plus, ils sont avec moi et attendent de mes nouvelles. En fait je suis comme un chien fou depuis que j'ai reçu cette convocation.....le 1er juillet, ça y est, je rentre chez les Pompiers de Paris.......
Le TER m'amène à Bordeaux, la caserne Xaintraille, un militaire doit me donner mon engagement dans l'armée, me faire signer et me donner mon billet de train pour Paris. Je ne suis pas seul à Xaintraille, nous sommes 4 de Bordeaux, enfin de Gironde pour aller sur la Capitale vivre notre passion. Un blondinet du Bassin d'Arcachon, et une paire de jumeaux, Jean Pierre et Jean Paul......en plus d'être de parfait sosie, ils ont presque le même prénom.....Et moi, jeune padawan, 18 ans et quatre mois, trois poils de barbe et la voie à peine muée.
Moi, je suis passionné par les SP, ça m’est venue comme ça ; Mon oncle était SPV à Nice, mon arrière grand père lui était Pro à Nice aussi, mais pendant la grande guerre, sinon je n’ai jamais vraiment baigné dedans étant petit. C’est Michel, lieutenant SPV à St André de Cubzac qui est passé pour les calendriers, il y avait une photo de la section de cadets, alors je suis allé me renseigner, comme ça, par hasard…..Et c’est Michel qui m’a reçu, c’était lui le responsable des Cadets. Alors je suis rentré chez les Jeunes Sapeurs Pompiers…..et je suis tombé aussi dans une passion débordante pour ce métier. J’était le seul de la section à ne pas avoir un papa SPV, certain avaient même leur maman, c’est pour dire.
Et puis il y a eu cette cérémonie du 11 Novembre, la section suivait la musique des majorettes, les pompiers, et ce jour là, deux anciens SPV, rentrés à la célèbre BSPP. Le fils de Michel, et un autre type. Putain que c’est beau cette tenue, avec la demi-lune et ce casque F1, c’était la première fois que je voyais un casque F1 !!! Ouhaaaaa des Pompiers de Paris, c’est impressionnant, moi aussi, je veux cette tenue, ce casque, parler au maire du village et avoir la même prestance que ces types.
Alors je suis rentré SPV aussi, j’ai fait quelques inters le week-end après ma semaine d’internat au lycée, fait mes trois jours à Auch et demandé un contrat d’engagé initial pour la Brigade. Certain SP du village m’ont soutenu, d’autre bien motivé :
« tu pars à Paris……bin tu verras, ya des plus costauds que toi qui ne sont pas restés, tu vas pas tenir une semaine !!! »
Mais là, je suis assis dans le TGV, avec mes trois compagnons d’infortune, pas un ne connaît Paris, mais tous avons la même passion, le même rêve, cette putain de tenue avec cette putain de demi-lune, la BSPP…..
La boule au ventre, le train nous berce jusqu’à la gare Montparnasse, le métro et notre nouvelle vie. J’ai un plan de Paris que m’a filé ma mère ; inquiète comme si elle accouchait demain : « tu m’appelles en arrivant hein….. »
Mes copains ne font pas les malins, on a parlé que de ça pendant le voyage, la Brigade….mais en fait personne ne sait rien, on part un peu vers l’inconnu. Moi je rêve d’une grande caserne, avec des camions rouges partout, ça doit être grand ce fort de Villeneuve St George, et puis c’est ou d’abord VSG…..hein, c’est ou dans Paris ?????
La gare Montparnasse n’a rien à voir avec la gare de St André de Cubzac et les trois vaches qui servent de garde barrière…..pitain que c’est grand !!!! Comme trois larrons en foire, nous demandons notre chemin pour rejoindre VSG, il nous tarde autant que nous appréhendons d’arriver dans cette caserne. Le bus qui nous dirige vers la Gare de Lyon croise le chemin d’un PS toute sirènes hurlante, nos trois têtes le suivent du regard et nous nous imaginons demain être à l’intérieur avec notre demi-lune vissée sur l’épaule gauche. Il nous reste encore le train de banlieue, et cette petite côte, qui mène de la gare de VSG au fort…..
Devant l’entrée la gorge se noue….rien à voir avec une caserne…..deux types en tenue nous saluent, et un gradé nous accueille. C’est impressionnant, ce moment ou vous passez ce portail, vous rentrez dans une grande maison, vous rentrez dans une grande famille, mais vous rentrez aussi dans l’inconnu. Cet endroit est familier à tout Pompier de Paris, mais terriblement angoissant au premier abord. Il faut avoir une certaine taille ou tenir sur la pointe des pieds pour apercevoir au dessus de la grille la vie en dehors du fort, c’est d’ailleurs le seul endroit qui laisse fuir le regard par delà les murailles. Ensuite il faut passer les douves par dessus le stand de tir, là ou nous ferons nos armes de guerrier de l’armée française fier à bras, le FSA 49/56 sur l’épaule. Et s’engager sous cette voûte, ah, la voûte……Avec la petite lumière au bout, comme si toute votre vie défilait avec vos pas vers la lumière de votre destiné. Comme si vous marchiez vers votre vie d’adulte, du haut de votre fin d’adolescence, de votre appétit de bouffer la vie et de vivre votre passion de pompier. A 18 ans vous croyez tout savoir de la vie, mais vous n’avez pas vu encore au bout de la voûte ce qui vous attend : l’instruction et les pleurs, la douleur que procure le surpassement de soi, la douleur des premiers départs, ceux qui vous montrent la vie telle qu’elle est, derrière les portes des appartements parisiens. Vous ne connaissez pas la douleur de voir un collègue se blesser et finir sa carrière de pompier, vous ne savez rien de l’effet que fait de perdre un copain sur une inter, vous ne savez pas l’odeur de la mort rencontrée au long de vos interventions, vous ne comprenez pas la détresse des gens qui appellent des fois pour rien, mais qui cachent une vraie misère sociale. Vous n’avez que des rêves de bleu et de rouge, de femmes se jetant des fenêtres enfumées dans vos bras de fier Pompier de Paris, vous pensez à la fierté de vos parents de vous voir dans cette jolie tenue, des histoires qu’il y aura à raconter aux dindes pré-pubères du village, aux yeux des JSP de votre CS quand vous viendrez défiler pour les pomplards de votre bled, avec un joli F1 sur le bol.
Enfin le bout de la voûte, et la façade du CIR, des types qui marchent au pas en chantant des chants bien militaires. Les gars du contingent du mois dernier qui vous regardent comme de la bleusaille avec leur mois d’expérience en plus……et pas un, mais même pas un petit camion rouge…… |
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_________________ le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on est plus de deux, on est une bande de cons. |
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