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10 Mar 2012, 13:45 |
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A l’heure où l’on veut faire travailler les gens plus longtemps, une étude de l’Institut syndical européen (ETUI) s’est penchée sur les conditions de travail des pompiers en Europe. Conclusion : il y a une limite physique à l’activité de cette profession.
Jonathan Lefèvre
Les pompiers sont plus exposés au risque de développement de certains cancers. Une des causes est que, une fois un feu éteint, il faut surveiller tout ce qui a été brûlé pour éviter des départs de feu dans les déblais. Pendant ces opérations-là, les pompiers enlèvent généralement leur protection respiratoire, parce qu’elle est très lourde et inconfortable. (Photo Solidaire, Antonio Gomez Garcia)
En plus des maladies des poumons et du cœur, qui peuvent sembler évidentes, l’étude pointe un risque accru de quatre cancers que les pompiers peuvent développer : le myélome multiple, le lymphome non-hodgkinien, le cancer de la prostate et le cancer des testicules. « Il y a une grande ignorance quant aux risques accrus de cancers chez les pompiers. Le risque est considéré comme “possible” (groupe 2B de la classification du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC)). Ce qui signifie que la probabilité pour un pompier de développer l’un de ces quatre cancers est significative », explique Fabienne Scandella, la chercheuse qui a dirigé l’étude. La cause qui apparaît comme la plus probable est l’exposition aux substances chimiques. Les pompiers sont bien sûr exposés lors des interventions, mais aussi, et surtout, après. Vu l’équipement lourd et inconfortable, ils retirent leurs appareils de protection respiratoire rapidement. Or c’est à ce moment qu’ils respirent le plus les fumées toxiques (benzène, trichloréthylène, etc.)
Vêtements toxiques
« C’est un des gros points que l’on développe dans l’étude : une fois que le feu est éteint, il faut surveiller tout ce qui a été brûlé pour éviter des départs de feu dans les déblais. Pendant ces opérations-là, les pompiers enlèvent généralement leur protection respiratoire, de nouveau parce qu’elle est très lourde et inconfortable. Du point de vue de la santé, il est clairement établi que les opérations de déblaiement sont aussi, si pas plus, dangereuses que les interventions de lutte contre l’incendie elles-mêmes », précise la chercheuse.
Une seconde raison est que les pompiers interviennent avec leurs vêtements de protection individuels sur les feux : « Ils sortent de l’incendie avec des vêtements souillés et repartent dans leur camion, dans leur caserne, avec des vêtements pleins de suie, par exemple. On sait que la suie est fortement toxique. Pour éviter les contaminations, on préconise une procédure mise au point par le syndicat de pompiers suédois : fonctionner avec ces vêtements souillés comme s’ils étaient hautement toxiques. »
Suivi médical après la carrière
Fabienne Scandella avance une piste de solution : « Ce qui est très difficile, chez les pompiers, c’est de mettre en évidence le lien de cause à effet, parce qu’il n’y a pas de suivi épidémiologique systématique chez eux. Donc les cancers, par exemple, vont avoir tendance à se développer plutôt vers la fin de la carrière et après la fin de la carrière. Ce que les syndicats européens préconisent, c’est un suivi des pompiers, du début de la carrière jusqu’à la fin de leur carrière, et après leur carrière. Un suivi médical post-carrière permettrait de mettre en évidence la surmortalité chez les pompiers due à certains cancers et d’établir ces liens de cause à effet par rapport aux expositions. »
En plus des cancers, il y a des maladies du cœur et des poumons. Si ces dernières semblent plus logiques, les maladies du cœur sont dues en partie aux efforts qui sont faits du point de vue physique et physiologique. Il y a des charges lourdes à porter, il faut courir, agir rapidement, etc. Mais il y a aussi toute la gestion de la chaleur : les pompiers sont soumis à des différentiels de température extrêmement violents. Il y a aussi les maladies causées par l’exposition au CO et les problèmes liés au stress. Tout cela produit un cocktail qui est loin d’être bon pour le cœur.
« Le pompier serait pensionné à 35 ans »
Marc Gilbert, président de la Fédération royale des corps de sapeurs-pompiers de Belgique, abonde en ce sens : « Nous avons beaucoup de maladies dues au stress. C’est un métier stressant, à tous moments, que ce soit pendant l’intervention, après et même avant. Cela montre, une fois de plus, qu’il y a des limites physiques qu’on ne peut dépasser. Il y avait d’ailleurs un député Ecolo qui avait fait une proposition : suivant le type de profession, on pouvait avancer l’âge de la retraite. Si on tenait compte de cette proposition, le pompier serait pensionné à 35 ans. »
Sur la question de l’allongement de la carrière, la chercheuse met en avant les conclusions de son étude : « Clairement, cela met en évidence que l’allongement de la carrière des pompiers est une idée saugrenue. Il est clair que la pénibilité d’une profession a un impact sur la santé. Elle use les corps et ensuite il faut évidemment analyser jusqu’à quand on peut soumettre les gens à cette usure. Il faut envisager la fin des carrières en rapport avec cette usure. »
L’étude va servir maintenant aux syndicats des pompiers. C’est ce qu’espère Fabienne Scandella : « Nous, ce qu’on a produit, c’est une recherche qui veut objectiver toute une série de risques, de problèmes. Après, on soumet tout ça à la discussion politique. Les syndicats vont avoir cette brochure et vont pouvoir alimenter les débats politiques avec l’étude. »
Lien: http://www.ptb.be/nieuws/artikel/pompiers-risque-accru-de-cancers-en-fin-de-carriere.html?fwcc=1&fwcl=1&fwl |
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