Forum Pompier : le forum dédié au métier de sapeur-pompier

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Nouvelle recrue Inscrit le: 15 Fév 2015 Messages: 2

Bonjour,

J'ai une petite question à vous, hommes et femmes, pompiers :

Comment faites-vous pour ne pas vous attacher aux victimes ? N'est-ce parfois pas frustrant de partager un moment difficile d'une personne et de ne plus jamais avoir de nouvelles ? Ça vous est déjà arrivé d'aller chercher des nouvelles, voir que la victime vous en donne ?

Je me mets dans les deux cas... Je pense que si j'étais pompier, mon côté sentimental prendrai trop le dessus... je n'arriverai pas forcément à prendre assez de recul pour ne pas m'impliquer "sentimentalement" dans la détresse de certaines victimes...

Dans l'autre cas, j'avoue que j'ai déjà été secouru 2 fois par des équipes de pompiers dans un VSAV, chaque pompier a été correct et très pro. Mais lors d'une intervention, l'un d'entre eux à fait preuve d'une extrême gentillesse, une présence tellement rassurante qui m'a fait chaud au coeur dans ce moment pas forcément facile, pendant longtemps j'ai voulu le remercier en lui écrivant un petit mot mais je n'ai pas osé par peur de l'importuner, aujourd'hui je regrette de ne pas l'avoir fait.

Voilà, du coup j'attends vos ressentis par rapport à ce sujet... Merci !

Passionné impliqué Sexe: Inscrit le: 06 Jan 2014 Messages: 600

bonsoir,

l'attachement dont tu parle n'existe pas pour nous, une intervention est gérée en temps assez rapidement et notre travail ne consiste en rien à s'attacher aux personnes dont ont s'occupe, sinon le facebook passerait de 100 à 30 000 amis smile_transpire

Après, en effet, on peut avoir de la compassion qui est bien différent...

Pour ta part, le fait d'écrire une lettre de remerciement aurait pu être tout à fait jouable. Il arrive encore parfois d'avoir des personnes qui passe au centre à la suite d'une intervention.

j'espere t'avoir éclairé un peu plus.

smile_hello

Fidèle Sexe: Inscrit le: 20 Mar 2013 Messages: 201

Bonsoir,

Comme expliqué, on peut en effet avoir de la compassion pour une personne sur intervention, mais l'intervention passe trop vite pour qu'on puisse s'attacher.

Après sur une journée de garde, les interventions s'enchainent et bien souvent, dans mon cas du moins, une intervention chasse la précédente et on a pas vraiment le temps de se demander ce que deviennent les personnes qu'on a secouru parce qu'il faut être concentré pour une nouvelle intervention. Mais je pense effectivement qu'un mot de remerciement aurait pu faire plaisir, même si ce n'est pas très courant. Wink

Passionné Inscrit le: 26 Aoû 2010 Messages: 353

C'est vrai que "culturellement", les services entretiennent cette attitude.
Que ce soit au SAMU, chez les SP ou ailleurs, on explique bien aux jeunes qui arrivent qu'il ne faut pas s'attacher...

Ce qui me parait aberrant en fait.

Notamment par rapport aux liens "positifs".

J'ai connu des systèmes qui entretiennent justement les relations entre victimes et sauveteurs ; mais ça n'était pas en France...

Dans ces services, quand les familles ont vécus un drame ou une intervention marquante, les casernes envoient un petit mot de gentillesse et invitent les proches des victimes ou les victimes elles mêmes à rencontrer les sauveteurs si elles le souhaitent.

Résultats positifs assurés pour les sauveteurs.

J'ai déjà eu envie de revoir les proches des victimes pour leur parler ; mais ma hiérarchie et mes collégues m'ont mis en garde "Non, malheureux ! Ne fais jamais ça."

Je pense que c'est dommage. On devrait s'ouvrir un peu plus aux autres.

Modérateur Sexe: Inscrit le: 17 Fév 2006 Messages: 4396

Salut,

Le débats est aussi ancien que l'existence des SP!

Pour ma part, je ne pense pas que l'on puisse être SP sans ressentir une certaine empathie pour les victimes. L'empathie n’est pas l’attachement...c’est comprendre ce que ressent l'autre.

C'est compliqué en fait...car il faut comprendre la douleur de l'autre sans pour autant la ressentir personnellement...pas évident dans certaines situations...avec des enfants par exemple, ou dans le cas de détresse psychologique forte.

Paradoxalement, la détresse physique, les blessures, même moche, ne sont pas forcément ce qui marque le plus...face à cela nous avons des gestes à effectuer, des réflexes acquis...notre cerveau est "occupé".

Après l’attachement, c'est autre chose...et ce n'est pas forcément quelque chose que je recommande....on rentre plus dans l'affectif et ce n'est pas forcément bon. Le secouriste doit savoir rester neutre également concernant ses sentiments.

Par contre, prendre des nouvelles d'une victime, cela ne relève pas de l'attachement. C'est aussi de savoir les "suites" dans des cas particuliers ou l'implication des équipiers dans l'intervention a été forte...cela permet également parfois de savoir si l'on a vu juste par rapport à un bilan...Prendre ce genre de nouvelle ne se fait pas forcément directement via la victime...mais cela peut se faire aussi "entre deux portes" avec les équipes des urg' à la visite suivante...

A+
smile_coolman

Nouvelle recrue Inscrit le: 15 Fév 2015 Messages: 2

Merci à tous pour vos différents avis.

Quand je parle "d'attachement", je ne voulais effectivement peut-être pas dire un lien qui continuera suite à une intervention, car sinon effectivement le champ de connaissances des pompiers deviendrait juste énorme...

J'évoquais surtout la compassion, la présence, l'implication "sentimentale" et non pas que professionnel à ce moment là...

Car je pense qu'un pompier qui aurai perdu son humanité, et ferait son boulot qu'en pratiquant les "protocoles" ne serait plus un bon pompier.

Je ne sais pas si vous avez déjà vécu des situations médicales plus ou moins urgente, mais d'après moi, l'attitude du pompier pendant l'intervention peut-être vraiment un plus pour aider la victime dans ces moments difficiles.
Rien que tenir une main, rassurer la victime, montrer une présence "humaine" et pas que professionnelle joue beaucoup sur l'état psychique d'une victime, sans forcément s'impliquer dans sa vie personnelle.

Je pense que si j'étais pompier, même volontaire, j'en perdrai des plumes, car je pense que j'aurai du mal à garder la distance nécessaire pour ne pas porter tous les problèmes des gens sur mes épaules, savoir décrocher dès que l'intervention est terminée, est-ce si facile pour vous ??

En ce qui me concerne, je regrette effectivement de ne pas avoir écrit un petit mot à ce pompier, car il a fait preuve d'une humanité que je vais, à mon avis, s'il m'arrive de nouveau quelque chose, rarement voir jamais rencontré. Peut-être que si un jour j'ai l'occasion de le rencontrer dans la vie de tous les jours, on sait jamais, je ne manquerai pas de lui faire part de toute ma gratitude face à sa gentillesse.

Rien n'empêche d'écrire un petit mot à sa caserne.

Ça fait toujours plaisir :
Le ratio nombre d'inters/nombre de petites cartes de remerciements est infiniment faible.

Passionné accro Sexe: Inscrit le: 14 Sep 2005 Messages: 1210 Localisation: 69

brembored a écrit:

Le ratio nombre d'inters/nombre de petites cartes de remerciements est infiniment faible.

Non Brembo, ce ratio là est plutôt.. énorme! smile_tirelalangue

Ah mince, j'ai jamais aimé les maths smile_tirelalangue

C'est peut être pour ça que les sdis sont si inhumains d'ailleurs...
Les officiers sont de la filière technique, donc matheux, cartésiens...
Ça manque de littéraires humanistes pour gérer ces deux étonnantes populations que sont les SPV et les SPP et de créatifs originaux dans les autres services...