Predator
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09 Déc 2007, 22:00 |
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Salut
A la lecture du sujet de Briga, je me suis souvenu avoir lu un récit très poignant également:
Citation: |
Aurais-je pu, aurais-je du
Ce soir là, je suis chef B.A.T, c'est à dire chef du Binôme d'attaque au F.P.T (fourgon pompe tonne) ou autrement dis, le « Gros camion rouge pour éteindre les feux ».
La garde s'apprête a passer une bonne nuit avec un Fourgon remplit de quatre volontaires sur les six hommes que compte l'engin.
Et pourtant, une innocente flammèche va chambouler tout ça.
Bonjour a toi lecteur anonyme, je me présente. Je m'appel Cyril, 28ans, sapeur pompier professionnel depuis 2003 et pompier volontaire depuis une dizaine d'années et papa d'une petite fille qui avait quatre ans cette année là.
Aujourd'hui, je me décide enfin à exorciser cette intervention qui me poursuit comme un mauvais rêve ou un terrible cauchemar.
Vous savez, cette sensation que l'on ressent lorsque l'on ce dis ; Aurais-je pu, aurais-je du ?. Ce sentiment de culpabilité que l'on ne peut expliquer. Cette terrible phrase qui nous hante a jamais ; Et si...j'avais fais ceci, et si...j'avais fais cela.
Alors un peu de courage...
et commençons.
Nous somme le 18 novembre 2002, il est 00h53 et je dors comme un bébé, lorsque le fameux « bip » me fait sortir de ma léthargie. J'ouvre les yeux en grand et « saute » dans mes rangers. Je sort de la chambre, ferme la porte et m'apprête à descendre le premier étage par la perche de feu.
Une petite voie me dit alors : « Attention mon gars t'es pas bien réveillé». Alors je prend l'escalier afin d'éviter le pire, c'est a dire THE chute. A peine la première marche en vue, je me rends compte que la seconde est déjà là. « Ouf ! » un peu plus et j'y avais doit a ma gamelle. M'enfin, j'arrive tout de même a descendre et a ma retrouver par je ne sais quel moyen a ma place dans le fourgon. Il démarre et « C'est parti moi kiki ».
Mince alors il est assez rare que je soi chef B.A.T !!! Alors si sa crame, ce soir, c'est pour moi ! hi hi hi.
Bizarrement, le calme et le silence sont pesants. D'habitude, tout le monde est excité comme des puces en partant en feu et là, rien. Pas un bruit, si ce n'est le ronflement du moteur, qui a une sérieuse tendance a bercé. A cette heure-ci, il n'y a personne dans les rues, et il n'est donc pas nécessité d'user du « pimpon » qui aurait pus m'éviter de me rendormir.
Mais arrivé a environ trois cent mètres des lieux de l'intervention, c'est le vacarme de la radio qui me fout' un de c'est coup de pied au cul que l'on ne reçoit qu'une seule foi dans sa vie. « Important panache de fumée » que le chef d'agrès du fourgon ce met a hurler dans cette radio.
« Oulla sa doit bien riffer ». que je me dis !!!
Effectivement, en levant les yeux, je vois une façade de bâtiment, éclairé par les plus grandes flammes qu'il m'ait été donné de voir.
Bon je finis enfin de me préparer, les gants, le cuir, le casque, l'A.R.I (la bouteille pour respirer), tout est ok.
« Alors là mon gars, va falloir assurer ».
On arrive sur les lieux et là, « wouaaa ».
Je ressens encore cette folle et immense excitation surplomber tout l'équipage.
L'engin s'arrête et Bruno le chef d'agrès donne son premier ordre : « A vos rangs !!! ». Nous sommes alors tous les six, là, au garde a vous derrière le fourgon et fin prêt. Enfin, autant que nous pouvions nous l'imaginer...
Bruno en tête, et moi suivi de mon équipier, nous passons sous le porche qui nous sépare du bâtiment. Je revois encor cette scène comme si s'était hier. Franchir ce passage, c'était comme ouvrir la porte de l'enfer. Les gens hurlent, crient et paniquent, les vitres éclatent les unes après les autres en laissant s'échapper cette terrible fumée noir. Les gens forment un attroupement devant le bâtiment de quatre étages et pointent du doigt les personnes restés dans ce véritable piège de feu. Certains crient à leur fenêtre ce célèbre « au secours » tandis que les autres courent pour ce réfugier.
Je vois encor les regard de Bruno. Et tous s'enchaîne.
« Une LDV », « Ok reçu ». A peine la lance établit qu'il me faut faire une grosse lance, afin d'éviter la propagation du foyer au quatrième étage, qui commençais déjà a fumer.
C'est l'équipe du S.M.U.R (Pompier de la même caserne que nous mais détaché au S.A.M.U) a qui je donne la grosse lance, afin de monter dans les étages avec la première lance.
Bruno en tête, nous commençons notre ascension dans les escaliers noircis par la fumée. La chaleur est oppressante et s'accroît a chaque marches gravit.
Arrivé au premier étage, Bruno nous donne alors pour mission, l'extinction du foyer qui ce trouve au deuxième étage. Nous mettons alors mon équipier a moi nos masques et je lui dis alors : « Allez on y va, on fonce au deuxième ! ».
La chaleur s'intensifie alors brutalement, et nous sommes stopper net dans notre élan au niveau du demi pallier par le rayonnement insupportable d'une fuite de gaz enflammé, situé à moins d'un mètre du l'appartement concerné. Le masque sur le visage, je suis prêt « rentrer dedans » comme un jeune fougueux que je suis tout en faisant bien entendu attention a mon équipier. Je teste ma lance, l'eau est bien là. En rapide coup d'œil, je suis fin prêt.
Mais c'est alors a ce moment, que Bruno remonte presque a notre niveaux et crie : « Cyril !!! il resterait du monde là haut !!! ». Je redescend quelques marches afin de comprendre ce qu'il hurle : « Quoi ??? », « Un témoin viens de me dire que quelqu'un manque, tu sais avec la femme qui a sauté derrière ! ». « Ah quel étage ? ». Et dans le vacarme le plus complet, il dévie son regard de ma direction, fixe cette fuite gaz enflammé qui nous brûle déjà de sa chaleur la plus intense et qui surtout nous empêche toute progression aux niveaux supérieurs et me jette « Un gamin serait resté a l'étage au dessus ! tu peux y aller ? ».
Mon sang ce glace alors et je sens mon corps entier ce remplir de cette drôle de sensation que l'on ne ressent que très rarement. J'ai chaud et froid en même temps, a moins que ce soit dans l'autre sens. C'est trop confus.
Sans même réfléchir, je détourne mon regard et défit cet élément devenu comme fou qui danse en agitant les flammes comme pour me dire, « aller viens si tu ose, mais tu ne passera pas ! ». Je la traverse et sent mon cuir rétrécir sur moi au fur et a mesure de mon combat contre cette partie de l'enfer. Je me retourne comme pour lui cracher dessus et cri « je suis passé ! je suis passé ! ».
J'arrive au demi pallier du troisième étage. Mon souffle et mon cœur « s'emballent ». Je sent les gouttes de sueurs couler un peu partout sur mon corps qui me brûlent a chaque centimètre parcouru sur ma peau. C'est l'effet cocotte minute bien connu des pompier. Je monte les marches et arrivé à la quatrième marche, j'aperçois deux petits pieds. Ma première pensé sera « pourvu que ce soit une poupée ! ». Ne me demandez pas pourquoi une poupée ! c'est comme ça. Je voulais y croire, tomber sur un jouer. Et plus je prend de la hauteur, plus je découvre ce petit corps allongé...d'un enfant.
J'en ai des frissons, rien qu'a l'écrire. Je tremble et les larmes montent en moi comme si elles voulaient « exploser ».
Je m'approche de lui. Il est allongé là. Un chien qui se tien a sa tête comme s'il avait veillé sur lui jusqu'à son dernier souffle. Je lui prend la main et sent ce corps mou, sans vie. « Petit ! petit ! ouvre les yeux ! bouge !!! ». Je lui hurle dessus comme pour le réveiller. A ce moment, je n'entend plus rien. Plus de bruits de flammes qui crépitent, plus les hurlements des gens dehors, plus les camion qui s'égosillent a pleine puissance.
Je suis là seul avec lui. Je prend son bras gauche l'assoit et lui hurle : « Je te sort de là accroche toi !!! ». Je le porte alors sur mon dos et entame une descente infernal dans les escaliers. La fuite de gaz n'aura pas le temps de nous toucher, et les tuyaux qui jonchent la totalité de la petite cache d'escalier totalement enfumé, n'auront pas raison de moi. Je le tiens sur mon dos et il ne bougera pas de là !
Je vois les lampadaires, les gens attroupés au pied de l'immeubles des pompiers qui « courent partout ». Enfin, je suis dehors. « Un S.M.U.R ! un S.M.U.R ! » (c'est l'ambulance) que je cri. Un collègue du S.M.U.R cour vers moi et me dit : « viens l'ambulance est là bas ». Il m'accompagne un peu plus loin et je dépose ce petit bout de choux a terre. Nous commençons alors les premiers soins avant que le reste de l'équipage de l'équipe médicale n'arrive. Je m'écarte a quelques mètre et m'écroule a même le sol. Je suis là, vide de ce pouvoir qui m'avait donné la force, vide de tout autre vision que ce petit bonhomme sur lequel les médecins s'agglutinent. Et c'est alors que j'entend cette voix terrible : « C'est fini, on ne peux plus rien faire, il est trop gravement brûlé, on ne peu même pas intuber ».
Cet instant résonne encor en moi comme un couteau que l'on agiterait dans un plaie jamais refermé. Je pense, non, je suis sure, que c'est l'instant le plus pénible je n'avais vécu jusqu'alors.
Je referme mes poing avec force comme pour réunir les quelques forces qui me reste, me lève avec un esprit de vengeance et me met a courir pour aller récupérer la lance et éteindre le « meurtrier ». L'extinction bien qu'épuisante, se déroulera sans problèmes particuliers si ce n'est un « coup de bourg » dans l'appartement car l'électricité n'avait pas disjoncté !
Pendant le déblais (phase qui consiste en quelque sorte a nettoyer), on viendra nous apprendre, qu'il manquait un autre enfant. L'émotion est a son comble. Nous fouillons l'appartement dans ses moindres recoins et « C'est bon les gars, en fait la gamine est déjà a l'hôpital avec sa mère ». Il s'agissait en faite de la sœur du « petit ».Cette phase sera longue et pénible, entre coupé de petites pauses pour fumer « une clope » et causer avec les autres.
Une foi les tuyaux rangés a après avoir fait un « petit tour » dans les lieux, c'est aux alentour de 08h00 que nous rentrons à la caserne. Le silence est maître a bord. Les regard vides et les yeux fatigués nous arrivons enfin.
Bruno vient rapidement de parler dans un coin : « Tu sais Cyril, tu peux être fier ! Moi je suis fier de toi en tout cas ! Tu a eu les couilles !».
Une bonne douche, et je rentre a la maison. Le temps de prendre un café bien chaud au foyer, je ne décroche pas un mot. Je ne sais plus quoi penser, ou plutôt si, a cette image qui vient de ce graver en moi, comme un tournant dans ma vie.
Je prend la voiture et ne vois même pas le chemin défiler. J'ouvre la porte d'entrée, ma femme est là. « Oulla, toi ça va pas du tout ! » A peine finit t-elle la phrase que je fond en larme. Je lui raconte entre deux sanglots. Aujourd'hui l'émotion me submerge encor.
Dans la matinée, le téléphone sonnera pour m'apprendre qu'il me faut aller au commissariat rejoindre Bruno pour une déposition. Dans la salle d'audition, il me faut encor en parler, raconter ce drame, expliquer le moindre détail de cette intervention qui m'a tant bouleversé.
J'y apprendrai les premières constations de l'enquête. Des enfant, une bougie et un matelas. Le feu aurait commencé au deuxième étage sur un lit. Le propriétaire aurait alors sorti le matelas en feu dans la cage d'escalier, mais le feu avais déjà atteint l'appartement.
Sortant avec sa famille pour échapper aux flammes, c'est sans espoir qu'ils regardent l'immeuble partir en fumer.
Le « petit bout de choux » habitait juste au dessus. Ce soir là il était chez lui avec sa mère et sa sœur. Prise de punique, la mère avec la jeune enfant de quelques mois dans les bras, c'est présentée a la fenêtre pour sauter et donc échapper aux fumées asphyxiantes. Mais a 8 ans, on a pas la même vision de choses, il n'a donc pas suivi et est sortit par la porte. J'ai peine a imaginer le terrible tableau de l'enfer qu'il a put voir en ouvrant la porte.
Quelques jours plus tard, il me faudra une fois de plus exposer les faits lors d'un débriefing dans une grande salle au milieu de ma hiérarchie. Tous on écouté avec respect. Je tien aussi a remercier le chef de centre et les tous ceux qui on essayé me réconforter et m'aider.
En Juin 2003, lors de la journée annuel du sapeur pompier, j'ai reçus des mains du préfet, avec quatre autres pompiers , la médaille de bronze pour « Acte de courage et de dévouements », la célèbre « bleu blanc rouge ».
En « souvenir », je garde les gants que je portais le jour du drame et quelques articles qui parurent ici et là.
Mais le plus dure, c'est de vivre avec cette image, qui sait revenir à la surface lorsque je n'y pense pas.
Mon premier pas a été d'en parler, mon second de retourner sur les lieux de l'intervention et mon troisième de l'écrire. Y aura t'il un quatrième pas a franchir ? Oui je le pense, et un cinquième et un sixième...ainsi de suite. Bref c'est une véritable marche que j'ai entamé ce soir là.
Lourd est le poids de cette histoire a porter.
Alors « Aurais-je pu, aurais-je du ? »
Pourquoi je me sent coupable ?
Notre destin s'est croisé un soir
Tu a su changé le mien
Mais j'ai n'ai pas pu changer le tien.
Tu sais « petit » ta mort a croisé ma vie.
A toi que je te garderais en moi jusqu'à la ...
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_________________ PFG1, PFG2 |
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